mardi 27 septembre 2016

Extrait #2 : Combat contre un carnaubre

Contexte : Ice continue sa progression au fin fond de la forêt de péridot. Il examine la faune et la flore, mais refuse de se risquer à manger ce dont il ne connait pas la comestibilité, à la grâce d'un écureuil qu'il faillit giboyer.

L’adolescent en profita pour faire une pause, il l’avait bien mérité après tous ces kilomètres parcourus. Il s’assit contre le tronc d’arbre et poussa un profond soupir. Il en avait profité pour ramasser son orbe de feu niché dans le creux d’une racine. Il ferma les yeux et appuya sa tête contre le bois. Quand tout à coup, Ice perçut des vibrations accompagnées de bruits sourds. Quelque chose approchait, quelque chose de lourd. Cependant il ne surgît des feuillages que le petit écureuil de tout à l’heure. La bestiole courait à tout rompre, semblant fuir quelque chose. La nature de sa fugue ne tarda pas à se révéler : une ombre gigantesque se profilait entre les colonnes de bois.
Pendant un instant, Ice crut que cette silhouette appartenait à celle d’un arbre. Or celui-ci avait des jambes, massives comme des troncs, mais aussi des bras, et eux n’étaient pas fins comme des branches. Ice comprit qu’il s’était laissé abuser par l’écorce qui composait (par endroits) la peau de cette créature. Le géant de chair et de bois, avançant, appuya ses immenses paluches contre deux arbres, et glissa sa tête sous leurs rameaux émeraude. Ice put alors découvrir le visage abruti du colosse. Ses yeux grands comme des glands se camouflaient sous une chevelure verte et tombante, semblable à celles des saules pleureurs. Plus aucun doute possible, il s’agissait bien là d’un « carnaubre ». Évidemment, le monstre et l’écureuil se dirigeaient tous deux dans la direction du garçon.
– Ouh… susurra ce dernier, t’es venu te venger ou il est venu te manger ?
Après avoir poussé nombreux glapissements saccadés, l’écureuil se faufila entre ses jambes et s’abrita aussitôt en haut de l’arbre derrière lui. Un départ qui n’était pas du goût du carnaubre, à en juger ses grognements rauque et sa démarche aussi brusque qu’agressive.
– Mouais… fit Ice, désinvolte. C’est p’tête pas le moment de faire de l’esprit.
Puis il se leva tranquillement, en s’étirant, avant de se placer sous le nez du géant.
– Tu n’es pas de taille, il lui annonça à hauteur de ses genoux.
Quand bien même les carnaubres comprenaient assez mal le langage humain, la provocation semblait avoir fait son effet. Tout du moins c’est ce que laissa entendre un nouveau grommellement. Malgré sa carrure quatre fois moins imposante, l’adolescent ne se laissait pas impressionné ; les bras croisés, il attendait, sans même remuer un cil. Qu’il s’agît d’une invitation ou d’une nouvelle provocation, cela importait peu, le géant mettrait un poing d’honneur à lui décocher sa réponse en pleine figure. D’un geste simple et détendu, Ice leva le bras, arrêtant net l’énorme paluche. Hébété, le carnaubre fixait immobile le halo laiteux qui  avait soudain enveloppé le bras du garçon. 
– Cocasse n’est-ce pas ? dit Ice en souriant. Tu as beau être une force de la nature, je contrôle bien mieux son énergie.
Mais son ennemi n’en faisait que peu de cas, il darda son autre poing toujours plus furieusement. C’était sans compter qu’Ice avait lui aussi son second bras de libre, prêt à parer l’attaque avec tout autant d’aisance. L’adolescent pouvait lire toute la hargne du géant sur son visage, là où entre ses immondes blocs jaunis qui lui servaient de dents, filtrait un épais filet de bave jusqu’en bas de son menton bourru et anguleux. Le moindre muscle de ses gros bras gonflaient à vue d’œil, tandis qu’il s’efforçait d’écrabouiller le garçon pris en étau entre ses deux poings. La brume cristalline qui recouvrait plus tôt le bras gauche d’Ice émanait maintenant de tout son corps. Il profita alors des deux murs osseux qui le prenaient en tenaille pour prendre appui au-dessus du sol, et exécuter ainsi une magnifique voltige. Le coup de pied aérien se nicha pile entre les deux narines du carnaubre, qui dans un râle assourdissant, tituba en arrière. Furieux, il serra ses deux poings en l’air, et ciblant l’adolescent telle une punaise, les écrasa par terre. Un vif pas chassé suffit à ce dernier à esquiver le coup, si puissant, qu’il scarifia le sol forestier. Ice, sans perdre une seconde, agrippa le manche de son épée et bondit sur les deux énormes paluches comme sur un tremplin. Il se propulsa vers le cou du géant et…

L’épéiste rengaina son arme. Derrière lui, le carnaubre, étêté, s’écroulait sur son chef dans un bruit sourd.

samedi 3 septembre 2016

Gaïa devient Ozma

Vous avez lu le titre : le monde dans lequel se déroule l'histoire, Gaïa, devient donc Ozma, et ses Gaïens, les Ozméens.

Pourquoi ce changement ? Eh bien, cela fait plus d'un an que j'y pense, et cette hantise demeurait bien la preuve qu'un revirement devait s'opérer. Il se trouve en fait, qu'il est m'est arrivé un certain nombre de fois de m'être fait critiquer sur le choix du nom de "Gaïa", perçu souvent comment particulièrement cliché pour un roman de fantasy. Si cela ne m'atteignait pas au départ (bien que je fusse d'accord sur ce point), la remarque à force de revenir, a fini par m'inquiéter sur la légitimité et l'originalité que pouvait renvoyer mon roman au premier regard (coup d'oeil souvent décisif).

Quant à "Ozma", voici la raison. Certains d'entre vous le savent peut-être, mais j'ai fait du jeu Final Fantasy IX une religion depuis mon plus jeune âge. J'estime que je lui dois mon esprit critique et ma sensibilité dans bien des domaines, mais passons. Bref, ce jeu, il existe un boss secret très étrange, dont l'aspect évoque une intrigante planète bicolore, inversant ses hémisphères noir et blanc. Un ennemi qui a vite taraudé ma curiosité et ma fascination quand je n'étais encore qu'un préadolescent. 
Ce boss se nomme "Gaïa" dans la version française de FFIX. En cet hommage, j'avais décidé d'utiliser ce nom pour le tout nouveau monde que j'avais créé, en rêvant naïvement d'un parallèle entre cette sphère étrange et ma planète onirique.
Or, quelle ne fut pas ma surprise, lorsque j'obtins pour la première fois internet ! J'y découvrit que "Gaïa" était le nom du monde dans lequel se déroule l'intrigue de FFIX en version anglaise et originale (renommé "Héra" en français). Quant au boss secret "Gaïa", celui-ci y est appelé "Ozma".
Au départ ce parallèle coïncident avait affermi mon choix pour "Gaïa". Ce ravisement, après une dizaine d'année à utiliser le même nom, me perturbe, mais je suis convaincu que cela soit pour le mieux. Bien sur, je ne dit pas non plus que le nom de Gaïa ait disparu pour de bon...