mardi 23 juin 2015

Le choix de devenir

Devenir écrivain... en voilà un périple. Mais... à bien y réfléchir, peut-on vraiment parler du choix de devenir écrivain ? Le choix s'apparente à la liberté... une évidence n'est-il pas ? Alors sommes-nous libres d'écrire ? Finalement l'écriture, dans son sens noble du terme, n'est ni plus ni moins que l'accouchement de nos pensées sur un support, qu'il soit fait de papier, de données numériques ou que sais-je encore.

D'un point de vue pragmatique, oui, toi et moi en France avons cette chance incommensurable d'avoir "le droit" de nous exprimer, que la censure soit une idée populairement perçue comme intolérante et intolérable. Or sois un peu taquin et demande toi si la liberté de penser est pour autant absolue, et par extension si le choix de notre avenir n'est finalement pas biaisé. Voilà un sujet qui prête à débats, parfait pour chambrer tes ami(e)s entre deux mousses lors d'une soirée jeu-vidéo. Nul doute que chacun aura un point de vue bien personnel. De mon côté, j'ai développé ma propre opinion...

... d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé écrire. Descriptions de monstres imaginaires sur des feuilles volantes, petits récits autobiographiques sur de vieux cahiers d'école primaire, ou encore ce réflexe maladif de toujours choisir l'écriture d'invention lors de mes évaluations de français... n'importe quelle excuse était bonne à prendre pour m'armer d'un stylo. Pourtant, ma décision de devenir écrivain et d'en vivre comme n'importe lequel des métiers ne date que de mes vingt-et-un an (de l'année dernière, à l'heure où j'écris ces lignes) ! Mais comment se fait-ce ? N'en n'avais-je jamais eu l'idée avant ? Non, simplement : l'idée était inconcevable.

Un jour, alors que mon père et moi avions été convoqué par l'une de mes professeurs pour discuter de mes difficultés en mathématique en classe de 5ème, celle-ci me fit remarquer :

- Tu sais, si tu veux un bon métier, il faut que tu sois doué dans toutes les matières, même en math.
- Mais y a rien qui m'intéresse comme métier...
- Pas pour l'instant, mais en attendant il faut que tu travailles bien maintenant, comme ça tu pourras avoir un très bon travail plus tard.
- Donc le but de la vie : c'est de travailler toute son enfance pour être sur de pouvoir continuer de travailler plus tard ? J'suis pas sur d'être emballé, là...
Après un rire léger, ma professeur se tourna vers mon père et annonça :
- Monsieur, votre fils semble être sujet au syndrome de Peter Pan.

Pour résumer grossièrement : le syndrome de Peter Pan, c'est le rejet ou la peur du monde adulte et donc, la volonté de préserver son statut ou son âme d'enfant. Bref d'après certains : une sorte de boss final de l'immaturité. Autant te le dire de suite : je n'ai jamais éprouvé la moindre animosité à l'égard du monde adulte. Non, je souhaitais grandir comme tout le monde... mais pas de la même manière. Et une personne qui sort des marges de la société a besoin d'une étiquette, une explication logique... bien souvent dénigrante.
Malheureusement, j'ai fini par y croire, à penser que je n'étais rien d'autre qu'un gamin immature. Je me suis donc garder de parler de mes passions, liées à l'écriture et à la culture ludique nippone. Après tout, comme le disait mon entourage : il n'y avait pas d'avenir là dedans, ce n'étaient pas de vrais métiers ! Il ne s'agissaient là que de distractions. Être distrait, c'est s'écarter de l'essentiel. Le divertissement n'était donc pas une chose essentielle ? Bigre ! Là je me suis vraiment mis à détester ce monde... ou devrais-je dire la société.
Nous vivons dans une société matérialiste, où seul le "concret" est digne d'intérêt ; une "bonne situation" n'est considérée comme telle que par le biais de diplômes, d'un cadre scolaire ou professionnel bien défini. Salaires, stages, permis de conduire, voilà les clés d'un statut "exemplaire". Lorsqu'un jeune décide de sortir de ces marges qui lui sont presque imposées, il est inéluctablement qualifié d'irresponsable, de grand naïf. 

"Ecrire ? Réaliser des vidéos ? La musique, le dessin? Ah ! Seuls les chanceux parviennent à en vivre!"

Tout de suite, dans l'esprit de chacun et à l'heure où sonne le glas du baccalauréat, de la licence ou du concours d'admission, vient le temps de laisser de côté son rêve pour enfin se réveiller.

extrait du Blog "J'aime ça" d'Alexis Koleszar
Mais... un rêve ne pourrait-il pas se transformer en ambition ? 
"Seuls les chanceux blabla..." 
Et bien moi j'ai du mal à croire à la chance. La chance ça se provoque, elle sourit aux audacieux comme le dit l'adage. Si l'on énumérait les célébrités ayant abandonné leurs études pour vivre de leur passion jusqu'à se faire remarquer, je suis prêt à parier que l'on pourrait en faire réfléchir plus d'un. Mais seront-ils convaincu de la "responsabilité" d'un tel parcours?
 "Arrêter l'école ? Jamais, Ô grand jamais. C'est une décision de cancre, de bon à rien, d'ado en perdition ou d'autres voyous, pire! de fainéants irrécupérables ! Tu feras quoi sans diplômes ?"

Pourtant je n'ai jamais entendu parler de diplômes magiques qui permettent un succès infaillible dans la musique, dans le dessin ou dans la littérature... Il me semble que ce genre de vocations ne porte ses fruits que lorsque ton auditoire/lectorat est séduit par ton travail.

"Exactement! C'est pour ça que ce ne sont pas de vrais métiers ! C'est trop aléatoire!"

Dadoulidou, à en croire ces idées reçues, les artistes n'ont aucun talent, aucun mérite et ne réussissent que par hasard ! Dur ! Je comprends mieux pourquoi il y a autant de riches parmi les artistes : ce sont sûrement tous des fils de bourges qui ont eu accès à de grandes écoles ou mieux, se sont fait pistonner ! T'en penses quoi toi ?

extrait du Blog "J'aime ça" d'Alexis Koleszar
Allez, soyons fantaisistes et imaginons : on pourrait perfectionner son art pendant des années sans passer par la case inscriptions, bourses, grandes écoles, diplômes, #labergeriec'estparlà. Beh oui ! T'es bien prêt à te casser la bibine à bosser pendant cinq ans ta licence et ton master de psycho, où même pas la moitié des disciplines ne t'intéresse réellement (comptant le fait que tu ne t'y épanouisses pas, sans même y trouver la moindre utilisation pratique dans ton quotidien...) Si tu es capable d'endurer tout ça pour ton avenir, alors pourquoi tu ne pourrais pas passer ces cinq même années à travailler ce qui te plait véritablement, et ainsi viser le Graal : faire de ta passion ton gagne pain ?
Tu me répondras peut-être qu'il s'agit là d'une entreprise trop téméraire. Et s'il t'arrivait d'échouer ? Malheur, aucun diplôme (et encore, ce n'est pas forcément vrai) pour te faire parachute ! 


C'est là que l'on touche précisément l'un des plus grands effets pervers de notre société : le conditionnement par la peur. Je n'ai ni le courage ni les poignets de Sylvester Stallone pour entamer une dissertation sur le sujet, à la place je vais plutôt te rediriger vers de nouvelles interrogations : qu'est-ce que l'échec ? Ne pas parvenir à atteindre ton objectif ? Et bien ? Quand tu loupes ton diplôme, ton concours, tu recommences non ? La bonne nouvelle c'est que c'est aussi valable pour le reste ! Sous prétexte que l'on pratique un art ou une passion en autodidacte, les résultats se doivent d'être immédiats, sous peine d'être révélateurs d'un manque de talent ou de la nature naïve de notre ambition. Foutaises ! Certes, des circonstances et dispositions favorables amènent certains à trouver le succès plus rapidement. Mais on obtient rien sans rien, la récompense nous tombent rarement sur le coin de la figure après seulement deux ou trois essais. Comme pour les études, il est de bon ton de travailler avec assiduité et persévérance afin d'entrevoir le bout du tunnel. Or tout le long de ces rails, bon nombre de personnes ne se gêneront pas pour te miner le moral et tenter de te rediriger vers le "droit chemin" : à savoir le leur. C'est à cause de cette incompréhension massive et de ce manque de soutien que la majorité des gens abandonnent en cours de route, permettant alors aux peureux pessimistes de seriner "Tu vois, je te l'avais dit !" et ainsi crédibiliser cette idée reçue comme quoi le succès arrive tout de suite sinon jamais.

Terminons sur une note un peu plus positive : Internet. Internet est l'eldorado du jeune artiste, sous réserve qu'il soit courageux et ambitieux. Il est le tremplin ultime, une fenêtre grande ouverte sur le monde où chacun a le loisir de crier ses avis ou d'exhiber son savoir-faire. Nouveau théâtre de l'absurde, il n'impose aucune limite quant à la communication et la mise en oeuvre de notre fibre artistique et créative. Loin de la télévision et de son audience aussi passive que victime de l'unilatéralité de ses discours, Internet lui, jouit d'une liberté permissive presque grotesque jusqu'à en devenir dangereuse, impitoyable parfois. Mais le plus fascinant et certainement le plus grisant chez ce média, c'est l'indépendance qu'il offre aux artistes. Sans patrons ni autres directions pour aliéner son travail, le créateur s'adresse directement au public, qui en tant que principal concerné, est à même de juger si le travail lui plait ou non.

J'aime beaucoup prendre l'exemple de Youtube et de certaines de ses célébrités françaises pour illustrer mes propos :


Antoine Daniel, musicien, vidéaste et comique absurde de la toile n'a rien d'un "chanceux", loin de là. Après un parcours et des études dans l'audio-visuel, le fameux Youtuber s'est vu confronter à la terrible désillusion des aboutissants de sa scolarité. Piégé dans les coulisses, Antoine devait se cantonner à regarder de loin l'activité qu'il souhaitait pourtant pratiquer. C'est après une phase de déprime qu'il quittera son travail, enchaînera avec un second assez ingrat, pour enfin tourner dans sa chambre l'émission qui le propulsera "boss final des Internet". Antoine n'a fait qu'exercer sa passion, mis à profit ses connaissances et son expérience dans un contexte qui lui plaisait véritablement, afin de pouvoir créer et s'exprimer sans la moindre contrainte. Sur une une note un peu plus personnelle, Antoine Daniel est une personne que j'admire beaucoup, notamment pour l'ouverture d'esprit dont il fait preuve lorsqu'il communique au sujet de l'avenir et des possibilités que peut offrir Internet.

Aussi cocasse que cela puisse paraître, les célébrissimes Joueurs du Grenier : Frédéric Molas et Sébastien Rassiat ont un profil assez similaire à celui d'Antoine. Les deux amis sont partis d'une formation en audio-visuel pour se retrouver à travailler sur des spots publicitaires pour le compte d'une mairie. Blasés, ils arrêtent pour mettre eux aussi leurs compétences à profit sur Youtube dans un domaine qui les passionne : le jeu vidéo. On connait la suite...

Enfin, un troisième et dernier exemple, peut-être encore plus pertinent : Chris Conte alias "Poisson Fécond". Chris fait preuve d'un pragmatisme et d'une transparence que je trouve admirables, n'en déplaise à certains qui y interprètent une certaine présomption. Je pense qu'il est important de souligner la nuance entre vantardise et ambition. Et c'est précisément ce que j'aime chez Chris : il exhibe sans retenue ses projets, sa lutte, son environnement et sa progression. Malgré son succès très mitigé et son anonymat sur Youtube pendant trois ans, Chris a continué (après avoir lui aussi, quitté ses études par pur dégoût) à renouveler et perfectionner son travail avec l'intime conviction que ses efforts finiraient par payer. Aujourd'hui, il cumule plus de quarante-huit millions de vues. Son salaire de Youtuber lui permet de vivre aisément et d'entamer ainsi ses futurs projets. Chris compte même ouvrir à long terme sa propre entreprise de jeu vidéo, et écrit tout comme moi un roman de fantasy. C'est d'ailleurs par son intermédiaire que j'ai appris l'existence des différentes stratégies d'auto-édition via les formats e-book. 

Je ne parlerai pas d'Alexis Koleszar (en fait si), auteur d'un blog de Bandes Dessinées qu'il qualifie lui même de "nauséabondes" (les illustrations présentes dans cet article sont d'ailleurs tirées de son blog J'aime ça). Que l'on soit d'accord ou non avec sa vision du monde n'est pas la question : le parcours d'Alexis ne se montre même plus comme un exemple mais comme un argument d'autorité quand il s'agit d'illustrer l'autodidaxie et la réussite par soi-même.



Voilà qui laisse songeur...

L'école est une invention merveilleuse, mais à quoi cela rime d'étudier simplement dans le but d'obtenir un diplôme ? Quitte à étudier, autant le faire de manière pertinente afin d'exercer ce qui nous motive réellement. Après, je ne crache pas non plus entièrement sur le système. Très nombreuses sont les personnes qui se complaisent à suivre un simple cursus et à décrocher un métier plus ordinaire. Ces même métiers peuvent être aussi l'objet d'une véritable ambition personnelle. Mais en dehors de ces sentiers battus existent d'autres parcours, qui sont jugés à tort soit comme idéalistes (et je le formule poliment), soit comme beaucoup trop dangereux. Un peu d'aventures que diable!

Selon moi, la seule mission pertinente qu'il m'ait été donné de suivre dans la vie, c'est de finir heureux. Renoncer à mes rêves pour cocher un avenir par défaut sous couleurs d'être plus abordable, pourrait être le choix le plus triste de mon existence.






mardi 2 juin 2015

Coucou les concombres !



Eh bien voilà une bonne chose de faite : la création de mon blog d'auteur. J'ai bûché dessus pendant trois jours ! Alors oui, présenté comme ça on pourrait croire que j'en ai pas fichu une rame... Mais fallait bien faire en sorte que le machin ressemble à quelque chose! Et puis, je te prierai de ne pas ignorer cette jolie barre de navigation sous la bannière du blog. Tu la vois ? Ouais, avec "Accueil", "L'auteur" et tout le reste... voilà! Bah t'as plus qu'à cliquer dessus. Rien qu'avec ça t'en as pour un bon moment.

Bienvenue sur mon blog, ma courgette !