mercredi 6 avril 2016

Pro-logue ?

Il est temps de dépoussiérer un peu ce journal numérique, et quoi de mieux que de vous faire participer un peu en glanant quelques uns (ou nombreux, soyons rêveurs) de vos avis.

Je tiens au passage à m'excuser pour le manque de contenu et l'irrégularité de mes interventions. Je dois avouer qu'il n'a jamais été dans mes projets d'y rédiger fréquemment, compte tenu du côté chronophage que peut exiger un journal web. Celui-ci a été créé dans un premier temps dans le but de donner à mon statut d'auteur une identité numérique, un lieu où l'on puisse me contacter et prendre connaissance de mes projets. Si vous souhaitez suivre mon avancement, prendre de mes nouvelles ou discuter avec moi, je vous invite à rejoindre ma page facebook. (Bien que je gage que la majorité d'ente vous lisant ces lignes ont été redirigé ici depuis cette page... )

Bien revenons à nos cornichons. Il y a deux semaines, je vous apprenais sur ladite page que j'étais confronté à un conflit d'idées. Suite à de nombreux retours de collègues auteurs, il s'est avéré qu'il serait salutaire d'éviter de commencer mon premier tome par un prologue. Comme ils s'apparentent à des pancartes indicatives, les prologues freinent bien souvent l'immersion du lecteur, lui, préférant la plupart du temps découvrir le cadre de l'histoire au fil du récit.
J'ai donc, comme première étape, remanier mon prologue en écartant l'aspect didactique et encyclopédique de la légende qui y est narrée, pour quelque chose de beaucoup plus lyrique ( pour les termes techniques : je suis passé d'une légende extradiégétique à une légende intradiégétique). 
Mes frères et sœurs de plumes ont salué l'effort et le résultat, toutefois sans jamais de détourner de l'idée que je gagnerais toujours à le supprimer.
À nouveau, je me suis attelé à la réécriture de mon incipit. À présent et bien que je pense déjà avoir fait mon choix, je me tourne vers toi ami(e) lecteur ou lectrice, pour m'enquérir de ton avis au sujet de ces deux versions.

Je commence donc par le prologue et le début du chapitre 1 (la deuxième version, bien plus longue, viendra dans un différent billet, histoire de ne pas surcharger celui-ci) :

Prologue
Cette histoire est celle de Gaïa. Gaïa est ronde, Gaïa est bleue, Gaïa est mère. Elle est une terre de vie, de mythes, de légendes. Au sein de ces innombrables récits apparaît sa genèse, transmise depuis une époque immémoriale et ainsi narrée :

« Jadis, du temps où rien n’avait encore commencé, existait déjà notre monde. Il demeurait à l’image de ce qui l’entourait, vide et sans couleurs. C’est alors que surgirent du néant deux astres sublimes : l’un brillant comme l’or, Sol ; et l’autre luisant comme l’argent, Luna. Émus à la vue pathétique de leur cousine, les jumeaux divins décidèrent d’insuffler la vie à l’étoile désolée que fût autrefois Gaïa. Les océans, forêts et montagnes inondèrent bientôt sa surface, amenant en leur sein les êtres qui les peuplent encore de nos jours. Or, de crainte d’une apparente fragilité, Sol et Luna envoyèrent six Grands Esprits pour veiller auprès de la nature et de ses enfants. Sol dépêcha les Esprits du Feu, de l’Eau et de la Terre ; Luna délégua quant à elle ceux du Vent, de la Glace et de la Foudre. Enfin, le monde issu de cet équilibre s’emplit d’une immense énergie à laquelle nos premiers ancêtres donnèrent le nom de mana.
Sol et Luna, une fois leur œuvre accomplie, se prirent d’affection pour les Humains et décidèrent de rester veiller auprès d’eux. Alors les jumeaux dans une parfaite symétrie entamèrent tous deux leur rituelle ronde autour de la planète bienheureuse. Ainsi naquirent le jour et la nuit. Charmés à leur tour, chacun des Esprits choisit d’apporter amour et protection à six humains et leurs proches. Six familles qui devinrent six clans, qui fondèrent ensuite six grands pays, soit six Terres bénies par des éléments distincts.
Malheureusement, les gaïens furent incapables de fonder leur foi sous les auspices de l’harmonie. En leurs Dieu et Déesse ils virent deux rivaux, plutôt que deux parents. De cette division naquirent deux Églises, Solarienne et Lunarienne, se vouant l’une l’autre une haine inextinguible. Commencèrent d’inlassables conflits qui, durant des millénaires, souillèrent Gaïa de larmes de sel et de sang. Aveuglés par leur haine, nos belliqueux ancêtres ignorèrent le chaos qu’ils avaient propagé par-delà même le ciel. Car dans l’éther impénétrable les dieux-astres ne tournaient plus ; ils s’agitaient, inconstants et confus. Quand l’inévitable se produisit : une collision, une fusion, une transformation, celle des dieux astres en un inénarrable spectre hybride émergeant au milieu d’un plafond enténébré, et amenant avec lui misère et calamités sur le monde. Nul ne put se soustraire à cette désolation, pas même les six esprits impuissants devant l’ire des éléments dont ils demeuraient jusqu’ici les maîtres et gardiens. Déchaînées, les forces de la nature ne firent preuve d’aucune merci. 
Gaïa se souvient des brasiers infernaux qui immolaient toute vie, elle se rappelle que d’incessants blizzards pétrifiaient le temps, que la terre s’engouffrait sous des séismes abyssaux. Elle n’a pas oublié ses enfants regardant le ciel se déchirer derrière les plus violents cyclones, fuyant les villes martelées à grands coups d’éclairs, englouties alors jusqu’aux sommets des montagnes par de titanesques lames de fonds.

Cette apocalypse fut à jamais retenue sous le nom d’Eclyps. Puisse-t-elle avoir scellé avec notre passé, les plus irrémissibles de nos péchés. »
A.A

Nous sommes le 3 Glacies 2533 du nouveau calendrier Gaïen, Sol et Luna voguent de plus belle le long de la voûte céleste, et chacun, enfant comme adulte, connait les grandes lignes de ce récit. Certains y voient des faits, d’autres qu’une simple fable, mais tous tremblent à l’idée de jours si sombres. Une seule question demeure : avec quelle encre Gaïa écrira la suite de son histoire ?

Chapitre 1
Le départ

Au sud d’Occide, continent le plus à l’ouest du monde, le ciel était presque nu. Seulement quelques draps cotonneux, entre lesquels l’astre divin répandait un feu azuré au-dessus d’un océan de verdure. Au cœur de cette étendue vierge siégeait un colossal édifice. Ses murs blancs réfléchissaient l’éclat matinal qui caressait son enceinte, composée de nombreux bâtiments mitoyens, aux façades renflées et aux toits en pente, leur donnant l’aspect de gigantesques pétales. Enfin, semblable au pistil, une tour trônait au centre de ce bien étrange bourgeon. 
Cette construction insolite avait pour nom EFDG, ou « Établissement de Formation des Défenseurs de Gaïa ». Et dans l’une des chambres de cette école dormait un garçon, dont les songes étaient tourmentés par de sinistres souvenirs. Sa mémoire redessinait un décor obscur. L’on devinait la sombreur nocturne à la lumière tamisée qui éclairait la pièce. Quelques commodes renversées jonchaient le parquet, ainsi qu’un cadre dont le verre brisé avait laissé s’échapper une photo de famille. Celle-ci représentait un homme et une femme main dans la main, derrière deux enfants s’amusant dans la neige. L’aîné se tenait debout près du cliché, poings et dents serrés. Il faisait face aux corps inertes de ses parents, allongés sur un plancher écarlate aux pieds d’une silhouette menaçante et souillée par le crime. 
Encore et toujours pris au piège dans cet épouvantable cauchemar, son petit frère se recroquevillait dans le coin de la pièce. On pouvait lire la terreur sur son visage humide et ridé tandis qu’il s’agitait dans son lit, prisonnier du passé. Avant son réveil, il expérimenterait une nouvelle fois la scène la plus solidement ancrée dans son esprit : celle où son grand frère vocifère haine et chagrin au meurtrier.
– Pourquoi vous avez fait ça ?!
– Nous suivons la volonté de Sol.
L’assassin brandit alors sa lame à la teinte grenat dans le but d’achever son méfait.
– Non ! s’égosilla brutalement l’adolescent.
– Si ! Lève-toi feignasse ! Il est déjà dix plombes du mat’ !
Haletant, le jeune homme découvrit le visage railleur de son compagnon de chambrée.
– Diggs… il soupira.


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